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Dans une époque de crise, de remise en question, d’incertitude et de grandes complexités, les anciens héros ne font plus recette. Et même si devenir un grand entrepreneur qui a trouvé un concept innovant et a créé une société internationale leader de son marché reste impressionnant et attirant, il existe aujourd’hui, tapis dans l’ombre et ne cherchant pas la lumière des projecteurs, des nouveaux héros qui sont tout aussi méritants.

Le monde des organisations bascule progressivement dans le « Printemps de l’Entreprise ». Dans cette période de doute, les paradigmes et les fonctionnements actuels sont remis en question et transformés pour laisser plus de place à l’autonomie et à la créativité de ses membres ainsi que pour renforcer leur travail de coopération. Le principe est simple, logique, de bon sens même. Et pourtant il est délicat à mettre en place.

Il peut être étonnant comme le bien du plus grand nombre doit passer par autant d’obstacles et de souffrances. Obstacles et souffrances généralement créés par ce « plus grand nombre ». Paradoxe ? Absurdité ? Non. Il s’agit simplement du constat de la réalité des entreprises d’aujourd’hui. A l’image de la personne privée de lumière pendant des années qui se plaint de l’obscurité et qui se plaindra et pourra même refuser la lumière lorsqu’elle apparaîtra sous prétexte que cela lui fait mal aux yeux, les citoyens du monde de l’entreprise s’opposeront aux nouveaux paradigmes sous prétexte que cela ne changera rien.

Amener la lumière dans les organisations est finalement quelque chose de particulièrement complexe. Quelque chose qui nécessite des qualités extraordinaires pour affronter des défis qui le sont encore plus. Des défis où les paradoxes et l’absurdité frôlent la science-fiction. L’entreprise a donc besoin de nouveaux héros, tels des chevaliers modernes dans une quête d’évolution des entreprises. Elle a besoin des Chevaliers du Printemps !

Qui sont les Chevaliers du Printemps?

Les Chevaliers du Printemps sont les nouveaux héros de l’entreprise. Ils peuvent être dirigeant, responsable des ressources humaines, change manager, chef de projet, manager ou collaborateur. Leur profil contraste nettement avec leurs illustres prédécesseurs, entrepreneurs de génie souvent individualistes, ayant trouvé un concept innovant les propulsant leaders du marché et les rendant particulièrement visibles et enviés. Les Chevaliers du Printemps sont plus orientés vers le fonctionnement interne de l’entreprise et vers le collectif. Ils ne cherchent ni la lumière des projecteurs ni la reconnaissance de la réussite. Ils sont engagés dans leur quête de faire évoluer leur organisation.

Ces nouveaux héros sont indispensables pour faire évoluer les entreprises aujourd’hui. Grâce à leurs atouts et capacités tels que l’audace, la volonté de changement, le fort désir de coopérer et la capacité à gérer l’incertitude, ils font la différence. Cependant, ils ne peuvent pas changer les choses à eux seuls. Leur stratégie nécessite de créer d’autres héros dans l’organisation afin que le changement s’opère depuis différents foyers.

Les Chevaliers du Printemps peuvent être considérés comme de véritables héros car la noble quête qu’ils poursuivent dans l’intérêt collectif n’est pas aisée. En effet, les personnes et systèmes qu’ils tentent de « sauver » s’avèrent être leurs premiers ennemis.

 

Et les méchants dans tout ça?

Qui dit héros, dit vilains. Le plus grand et le plus dangereux des ennemis du Chevalier du Printemps est le dragon à six têtes, Sixo. Chaque tête a sa propre personnalité et crée des problèmes bien spécifiques. Ensemble, elles sont à l’origine des grands maux des entreprises actuelles.

La première tête s’appelle Ego. Elle est le chef des têtes. Ego incite les individus de l’organisation à satisfaire leurs désirs personnels et à les faire passer avant les intérêts collectifs. Il arrive très souvent que les égos entrent en compétition les uns avec les autres car les désirs ne coïncident pas. S’ensuivent des luttes de pouvoir et des guerres d’égo qui se terminent souvent par une grande insatisfaction générale.

Silo est le nom de la deuxième tête. Silo provoque le regroupement des individus entre pairs, services ou métiers qui s’isolent et s’excluent entre eux. Dans les entreprises on retrouve souvent des services ou des départements entiers qui vivent selon leurs propres rythmes et assouvissent leurs propres désirs en étant déconnectés des autres services et départements voire même de la finalité de l’organisation tout entière. Chaque silo tente de satisfaire sa propre volonté comme s’il était doté de son propre égo.

La troisième tête est StatuQuo. Elle oblige les individus à rester dans leur zone de confort et à la défendre même si la situation y est difficile ou inconfortable. En effet, il est plus facile de se plaindre d’une situation bien connue tout en défendant le non changement que de s’armer de courage et de s’aventurer sur une terre inexplorée.

La quatrième tête porte le nom de BoîteABoBo. Elle est passée maître dans l’art de générer de la frustration chez les individus. Elle encourage la plainte et la victimisation de masse car il est plus rassurant de souffrir en groupe que tout seul. C’est ainsi que les individus créent des coalitions contre tout ce qui ne leur plaît pas dans l’entreprise.

La cinquième tête s’appelle SupportAlo. Elle porte bien son nom car elle s’évertue à transformer les services de support de l’entreprise en véritables dictateurs qui, sous prétexte de soutenir les activités opérationnelles et business, imposent leurs processus à toute l’entreprise comme si son avenir dépendait d’eux. Ils deviennent alors plus des empêcheurs de tourner en rond que des réels soutiens à l’activité de l’entreprise.

La sixième tête est Dirco. Cette dernière tête manipule le comité de direction de l’entreprise à sa guise. Elle adore faire s’affronter les grands égos des directeurs dont les comportements et les attitudes maintiennent et nourrissent StatuQuo, BoîteABoBo, SupportAlo et Silo.

La quête des Chevaliers du Printemps

Les preux chevaliers ont pour quête d’atteindre le coffre au trésor de l’entreprise protégé par le dragon Sixo et de sauver son contenu. Pour ce faire, ils tentent de mobiliser d’autres chevaliers tout en évitant de se faire dévorer par l’une des six têtes du dragon et de tomber dans d’innombrables pièges.

Le coffre au trésor de l’entreprise contient son bien le plus précieux : ses citoyens. Cette population majoritairement passive vit à l’ombre du dragon par habitude. Elle se plaint de sa situation et a le sentiment de foncer dans un mur sans pouvoir rien y faire. Elle ne change pas de direction et continue de (dys)-fonctionner régie par les lois du dragon qu’elle craint par-dessus tout. Pour être en paix, elle ne lutte pas et défend même le dragon contre les Chevaliers du Printemps.

Pour réussir à sauver le coffre au trésor, les chevaliers doivent apprendre à apprivoiser le dragon mais ils ne doivent surtout pas lui couper les têtes car celles-ci repoussent aussitôt et deviennent encore plus hargneuses. Chaque tête a un côté positif et les chevaliers doivent apprendre à utiliser ces forces pour réaliser leur noble quête.

Bali l’Enchanteur

Comme tout chevalier poursuivant une noble cause, les Chevaliers du Printemps ne sont pas seuls dans leur quête. Ils sont aidés par Bali l’Enchanteur. Bali incarne les valeurs essentielles et nécessaires au Chevalier du Printemps : la Bravoure, l’Ambition, la Loyauté et l’Imagination (B.A.L.I.). La bravoure se traduit par le courage et l’audace, l’ambition par l’espoir, la loyauté par la bienveillance pour l’organisation et l’imagination par la créativité et l’innovation.

Bali, dans sa grande bienveillance et son infinie sagesse, dispense des mises en garde et des conseils aux chevaliers afin qu’ils puissent franchir les obstacles et identifier les pièges qu’ils rencontreront dans leurs péripéties. Parmi les mises en garde, il a établi une liste de principes dont le nombre est encore méconnu. Voici déjà les 5 premiers principes selon Bali :

  • « Pour évoluer, toute entreprise a besoin de héros qu’elle s’évertue à crucifier. C’est pour cela que ce sont des héros »
  • « Aux yeux des citoyens, héros et vilains ne font qu’un car tous deux passent pour des importuns. »
  • « L’énergie du héros est la foi tandis que celle du vilain est la frustration. Un héro frustré est atteint de foistration. »
  • « Le côté obscur du vilain n’est pas le plus fort. Par contre, il est le plus rapide, le plus facile et le plus séduisant. N’aie crainte, si tu t’engages sur le chemin obscur, tu pourras quand même revenir du bon côté. »
  • « L’énergie de la foi est dix fois plus puissante que celle de la frustration. Par contre, elle se désagrège dix fois plus vite. Il faut donc l’alimenter 11 fois plus pour avoir un peu d’avance. »

Le Royaume des entreprises selon Bali

Bali observe depuis très longtemps les mouvements qui ont lieu dans le Royaume des entreprises. Il en a déduit qu’il existe 2 types d’entreprises agonisantes qui vont probablement mourir. D’un côté, il y a celles qui ont en leur sein des héros qu’elles crucifient sur l’autel du statu quo. De l’autre, il y a celles qui n’ont pas de héros. Si l’une et l’autre de ces entreprises ne se réveillent pas très vite, Bali leur prédit un avenir des plus sombres.

Les Chevaliers du Printemps vous le confirmeront : ce n’est pas facile d’être un héros par les temps qui courent ! Pourtant, ils gardent espoir et persévèrent car leur quête en vaut la peine. Cet article est le prologue des aventures des Chevaliers du Printemps. A travers différents récits, vous apprendrez à mieux les connaître, vous découvrirez les armes et les stratégies qu’ils utilisent, vous connaîtrez leurs victoires et leurs défaites et vous profiterez des conseils avisés de Bali.

A bientôt pour la suite des aventures !

Lionel Barets, le 15/09/2015

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